vendredi 9 février 2018

Lorsque ma mère parlait français et anglais…



Voilà exactement six ans, jour jour pour, que Maman Khadija a quitté ce bas monde pour un monde meilleur, un certain jeudi 9 février, froid, pluvieux et sombre comme si tout était triste à cause de son départ ! Pour lui rendre hommage, je voudrais vous raconter ce qui suit ! Et  c'est authentique !

Ma défunte mère, Khadija, dans de houleuses et bruyantes discussions utilisait parfois des mots étrangers ! C’était, à n’en pas douter, du français ! Mais, un français qui lui était spécifique ! Cela pourrait être aussi de l’anglais ! Mais, un anglais – of course ! – qui lui est personnel ! Et dire que ma chère mère n’a jamais été à l’école !
Qu’on en juge :
J’ai en mémoire quelques mots qu’elle utilisait pour donner un peu de vie ou de couleur à son verbe !
Le premier de ces mots est :
MISTINGUETTE : Ce mot signifiait, pour ma mère, une femme revêche, maigre et longiligne ! Et même très maigre ! Un clou ! Oui un manche à balaie ! Un peu bilieuse et acariâtre ! Comment ce mot est-il parvenu jusqu’aux oreilles attentives de ma défunte mère qui n’a jamais été à l’école, dois-je le répéter ? Tout simplement par la radio ! En effet, pour ceux qui sont tombés de la dernière pluie, Mistinguett – et non pas Mistinguette ! – dont le véritable  nom est Jeanne Florentine Bourgeois était une  chanteuse et actrice française, née à Enghien-les-Bains le 5 avril 1875, et morte à Bougival le 5 janvier 1956 – autrement dit, deux jours après ma venue au monde ! - gloire nationale, elle chante Ça c'est Paris, Mon homme et elle est l’attraction principale des chansons et revues pour les Folies Bergère ce qui la mènera jusqu'aux États-Unis.

MADAME GASCAR : Cette locution désigne, au contraire de MISTINGUETTe, une femme opulente, obèse et courte sur pattes ! Bien dodue, joufflue et ventrue. Dans le genre Big Momma, quoi ! L’origine de cette expression est due à la politique de la France coloniale dans les années 50 ! Parfaitement ! La France, mécontente de l’action de Mohammed V, Roi du Maroc qui finit par s’allier au Parti de l’Istiqlal et regardait de plus en plus vers l’indépendance du pays, ne trouva pas mieux que de le déporter, d’abord en Corse, puis à MADAGASCAR en 1954! Ce qui occasionna des troubles aussi bien au Maroc qu’en Algérie où le défunt monarque bénéficiait d’une grande popularité due à ses prises de positons courageuses en faveur du combat des Algériens pour l’indépendance de leur pays. De tout ce tohu-bohu médiatique, ma défunte mère ne retint que le MADAGASCAR qui peu à peu devint MADAME GASCAR ! Dont elle affublait parfois, sa propre sœur, ma défunte Tante Cherifa, femme affable et aimable à tous points de vue !

BITABOTTE (En arabe, ça sonne encore mieux : بيطابوط ) : L’origine de ce mot est très facile à deviner  ! D’abord le sens ! Ce mot, dans la bouche de ma mère, désignait un type borné, sans éducation et mal habillé !  Un ours mal léché, en quelque sorte ! Un type mal dégrossi ! D’où a-t-elle tiré ce néologisme ? Du nom d’un acteur de cinéma américain ! Vous avez deviné ? Non ! Et si je vous disais qu’il est l’inséparable ami d’un certain Lou Costello ? AH ! AH ! Vous avez trouvez ! Il s’agit bien sûr d’un certain William Alexander Abbott alias Bud Abbott, né le 2 octobre 1895   aux États-Unis, mort le 24 avril 1974. Il était acteur et producteur de cinéma américain. Ma mère, qui était une grande consommatrice de télévision – même les matches de football y passaient – avait dû voir un ou deux films de ce duo truculent et haut en couleur ! Et elle n’avait retenu – pour le malheur du duo d’acteurs– que les gaucheries et les maladresses de Bud Abott. Et c’est ainsi que ses nom et prénom sont devenus, par un curieux tour de passe-passe, synonyme d’homme maladroit, gaffeur et impotent presque ! Mais, ce qui est curieux, c’est qu’un mien ami, Kaci, de Médaourouch, rencontré pendant mon Service national, à Mostaganem, utilisait aussi ce mot, avec le même sens conféré par ma défunte mère ! Curieux ? Vous avez dit curieux ? Oui, curieux en effet !

CATAPLACE (ou, probablement, Kataplace) : « Je lui ai dit deux mots biens sentis ! Elle est restée  catapalce ! » Le sens est facile à deviner : cataplace (ou kataplace) veut dire tout simplement : Je l’ai mise à sa place !bouche-bée, ébahi, étonné, ahuri, interloqué...
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TCHOUK MANI OUM HANI : Vous donnez votre langue au chat ? Je ne vous en veux pas ! Moi-même il m’a fallu beaucoup de temps pour retrouver la source et les racines de cette expression. Son sens d’abord ! Il s’agit d’une femme orgueilleuse,  une femme qui prend de grands airs et fait des manières ; une sorte de Castaffiore ! L’origine de cette expression, est assez obscure ! Mais pas seulement ! Cependant,  c’est surtout son appropriation par ma mère qui me laisse pantois : son fils aîné, Mouloud, était un fan de rock’n’roll et écoutait tout ce qui se sortait à une époque lointaine ; il était à l’affut de toutes les nouveautés et était très à la page ! C’était Elvis Presley, bien sûr ! Et l’une des chansons qu’il a due écouter un peut plus que d’autres  est sans conteste celle-ci My blue suede shoes. 

Well it's one for the money, two for the show
Three to get ready, now go, cat, go
But don't you step on my blue suede shoes
You can do anything but lay off of my blue suede shoes

You can knock me down, step in my face
Slander my name all over the place
Do anything that you wanna do
But uh uh honey, lay off of my shoes

Don't you step on my blue suede shoes
You can do anything but lay off of my blue suede shoes

Well you can burn my house steal my car
Drink my liquor from an old fruit jar
Do anything that you wanna do
But oh honey lay off of my shoes

Don't you step on my blue suede shoes
You can do anything, but lay off of my blue suede shoes

It's one for the money, two for the show
Three to get ready, now go go go
But don't you step on my blue suede shoes
You can do anything but lay off of my blue suede shoes

Well blue, blue, blue suede shoes
Blue, blue, blue suede shoes {x4}
Well you can do anything, but lay off of my blue suede shoes

Blue, blue, blue suede shoes {x3}
Well you can do anything, but lay off of my blue suede shoes.


Je n’ai pas trouvé toute l’expression utilisée par ma mère, mais c’est la chanson dans toute son intégralité qui a contribué à forger ladite expression : ma mère devait être en train de faire le ménage, ou la cuisine pendant que son fils écoutait, en boucle, cette chanson et sa mémoire n’a retenue que quelques bribes qu’elle a, inconsciemment, liées l’une à l’autre  pour construire sa propre expression toute en couleur ! Les mots : money, honey (répété plusieurs fois), don’ t you (avec un léger chuintement : dontch’you : ce qui explique la présence de Tchouk)  sont, sans le moindre doute, les principaux termes qui ont fait boule de neige et débouché sur l’expression : CHOUK MANI OUM HAMI. Curieuse alchimie dont se sont rendus coupables le cerveau et la mémoire d’une maman qui n’a jamais été à l’école mais qui ne voulait pas demeuré en reste !

Y EN N’A PAS LES JOLISSI : Si le sens de cette expression est assez clair, il me semble, du moins : TU PEUX TOUJOURS COMPTER DESSUS, ou encore : TU PEUX TOUJOURS CAUSER, ou encore : TU PEUX TOUJOURS COURIR, ou encore : A D’AUTRES ! son origine est très floue ! Tout ce que je peux avancer comme hypothèse est la suivante : parallèlement à Elvis Presley, dont mon frère aîné était friand, il y avait aussi un autre hurluberlu criard déchaîné que je ne supportais guère – mais, les goûts et les couleurs…- que mon frère affectionnait : Johnny Halliday. Il y avait bien une chanson assez gaie, devrais-je le reconnaître, de ce Johnny qui est décédé il y a quelques jours, et dont les rythmes seuls me sont restés dans la mémoire mais que je n’ai pas réussi à dégoter sur You tube ou Daily motion !

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